Final cut


Un petit garçon appelé Monroe perd sa maman, peintre. De ses trois cents tableaux, il ne peut en garder qu’un. Il décide que ce sera celui du cygne inachevé. Un soir, le cygne disparait. Au fond de sa chambre, le petit garçon distingue une porte : il la pousse et se retrouve plongé dans un monde complètement blanc. Pour se repérer et trouver son chemin, il n’a comme seule solution que de jeter de l’encre noire sur ce décor monochrome. En contraste noir et blanc, au fur et mesure que l’on avance dans le jeu, chaque joueur donne peu à peu vie à son environnement. Apparaissent progressivement un mur, une route, un arbre, un pont, un coq ou un crapaud, un couloir, une maison ou encore des objets du quotidien, qui finissent par constituer sinon une ébauche de monde, du moins un environnement.

On pourrait y voir une métaphore de la démarche de l’écrivain, qui dessine un chemin narratif en griffonnant des signes à l’encre noire sur une page blanche. C’est aussi le principe du jeu vidéo The unfinished swan, développé par Giant Sparrow et édité par Sony Computer Entertainment, il y a déjà plus de dix ans, et que j’ai testé à l’espace Jeux Vidéo de la Gaité Lyrique.

Quoi de mieux pour illustrer cette nouvelle, où la couleur blanche, comme neige, tient, peut-être à part entière, la place d’un personnage ? The Final cut, inédite, a été écrite pour une revue dont j’ai avalé – et digéré – le nom. Je ne me souviens même plus du thème imposé pour ce numéro. Il m’en est resté toutefois une impression de blancheur oppressante, de perte de repères, de violence et de panique. Du point de vue d’une femme brisée et apeurée, un texte sur la violence conjugale.